Le matériel, avec ou sans ?

Le matériel, sans ou avec ?

Je ne vais pas faire durer le suspense très longtemps et je réponds tout de suite : avec !

Mais pour nuancer mon propos, j’ajouterai : avec mais intelligemment !

L’Ashtanga Vinyasa Yoga est perçu comme un style où l’on n’est pas censé utiliser le matériel. Le style est toujours enseigné de cette manière à Mysore en Inde où le seul accessoire acceptable reste le tapis de yoga (car oui, le tapis de yoga, surtout antidérapant, est un matériel !).

Il est vrai qu’une pratique, sans matériel, sans modifications et sans préparations supplémentaires a l’avantage d’un voyage sans arrêts, sans feux rouges, et sans priorités à droite, guidé uniquement par le souffle et soutenu par le contact avec la terre. On laisse de côté les pensées comme des arbres sur le bord de la route. Le seul « stop » qu’on rencontre est la position qui dépasse nos capacités et qui nous oblige à nous arrêter. Sinon on visite les positions pour un petit moment pour finalement arriver à destination en Savasana.

Pourquoi devrions-nous faire quelque chose qui semble alourdir la pratique et rendre le voyage plus compliqué ?

Alors tout d’abord parce qu’on ne dispose pas tous du même véhicule. Chaque corps a ses spécificités et ses blocages et en tant que pratiquants de yoga conscients on se doit de les prendre en compte. Utiliser une brique sous les fesses dans une flexion vers l’avant pour décompresser le bas du dos si la situation le demande n’est pas un aveu de faiblesse mais une marque de conscience plus éveillée.  Parfois en proposant le matériel je sens en face de moi une certaine réticence. « Comme si tu proposais une canne à un handicapé » a dit un ami en se moquant. Cependant le matériel de yoga n’est pas là uniquement pour faciliter certaines positions mais aussi pour éviter les blessures éventuelles.  Il vaut mieux ne pas attendre le moment où l’on sera obligé d’y avoir recours à cause de la douleur.

Le matériel peut être un outil temporaire ou que l’on utilise seulement de temps en temps, qui vous aidera à progresser et à mieux comprendre les positions. Le moment venu la posture sera mieux aboutie, permettant à l’énergie vitale de circuler de manière plus fluide dans le corps.

L’utilisations de briques, ceintures, d’un mur, etc. demande une connaissance certaine afin d’obtenir de bons résultats.  Il faut savoir comment s’en servir pour ne pas en devenir dépendant. Cela demande une approche active et non passive, comme on pourrait se laisser aller à le faire en s’affaissant sur la brique ou on se reposant contre le mur.

Le matériel c’est aussi un outil d’exploration et de curiosité. Pour les pratiquants d’Ashtanga faisant des séquences de postures fixes, il peut apporter un nouvel éclairage sur la situation et permettre de sortir des sentiers battus.

Finalement les accessoires de yoga sont aussi indispensables pour la pratique restaurative qui s’adjoint en beauté aux séquences dynamiques. J’aime bien proposer les postures restauratives comme option pendant mes cours Mysore.

Pour résumer tout le monde n’aura pas besoins de matériel et si oui pas pour les mêmes raisons. C’est à partir du bon raisonnement et de la bonne appréciation du professeur de le proposer et en face, à l’élève de cultiver l’ouverture d’esprit nécessaire pour l’accepter ou pour tout simplement l’essayer.

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