Are you practicing ? Demande David Swenson dans son livre.
Ça peut être juste quelques mouvements conscients, quelques respirations conscientes. Ou quelques salutations au soleil qui avec du temps peuvent se développer en formes étranges qu’on essaie d’habiter avec notre présence éveillée. De combien de postures a-t-on besoin pour discipliner notre mental et libérer notre corps de ses blocages ? Ça serait drôle de penser un peu à l’envers de ce qu’on est habitué à entendre progrès : ceux qui font les postures et les séries avancées ont simplement besoin davantage de travail pour se libérer.
Mais quelque soit notre perspective sur les choses, on a besoin tous de régularité.
Me voici cet été dans ma maison familiale à la campagne en Pologne.
C’est la chambre où j’ai effectué mes premières salutations au soleil quand j’étais très jeune. Je me rappelle m’asseoir devant le miroir pour me regarder profondément dans mes yeux : je ne savais pas qui j’étais.
Bien des années ont passé et le travail continue toujours. J’habite les salutations au soleil et pourtant je les redécouvre chaque jour. Les formes parfois se tordent et le contenu reste agité comme de l’eau versée trop rapidement dans un récipient, qui a besoin de temps pour se stabiliser et prendre la forme du contenant.
Un jour pendant mes études j’ai décidé sur un coup de tête d’aller à Sopot au nord de la Pologne pour rejoindre un séminaire sur la philosophie de Ken Wilber dont j’étais fan à l’époque. Je me rappelle que l’un des intervenants a dit que si l’on commençait à méditer à partir d’aujourd’hui, alors dans 10 ou 20 ans notre regard sur le monde et nous-mêmes serait bien différent. Qu’on ne devait pas attendre un meilleur moment, qu’on soit âgé et peut-être plus posé, mais qu’on devait commencer aujourd’hui, maintenant. Je me suis dit: « je commence demain ! ». Mais demain n’est venu que bien des années plus tard.
Si vous commencez les salutations au soleil aujourd’hui tel que vous êtes, où cela peut-il mener dans 20 ans ? Si on nous imposait de trouver 15 minutes par jour pour la pratique (quoi qu’on entende par pratique, travail sur soi) qu’est-ce que ça donnerait avec le temps ?
« Il n’y a rien à faire, mais beaucoup à défaire. »
Le yoga est un processus. Chaque jour est un pas vers l’inconnu, un pas qui s’éloigne du connu. Puis on apprend que tout était déjà là.